Kolwezi
La naissance de la ville
Située à 300 kilomètres à l’ouest de Lubumbashi dans l’un des plus riches bassins miniers des hauts plateaux du Katanga (cuivre, cobalt, uranium, radium), Kolwezi fut créée en 1937 pour abriter le siège du Groupe Ouest de l’Union Minière du Haut-Katanga qui deviendra la Gécamines en 1967 suite à sa nationalisation.
Site que celle-ci exploite toujours aujourd’hui tant bien que mal, même si la donne et le marché ont entre-temps changé et vu arriver d’autres sociétés privées étrangères avec lesquelles elle est contrainte de collaborer ou sous-traiter. Et ce, suite à son lent déclin causé notamment par l’effondrement de la mine de Kamoto en 1990. Mais plus encore qu’à Likasi ou Lubumbashi, l’empreinte de l’ex toute puissante Gécamines est omniprésente à Kolwezi, dont elle a façonné non seulement les paysages industriels et urbains mais aussi l’histoire et les mentalités.
Tout le monde ici ou presque a en effet un lien avec l’ex « mère nourricière », et en vit (vivait) d’une manière ou d’une autre. Elle pourvoyait, et pourvoit toujours, à toute une série de besoins annexes pour ses cadres et employés et leurs familles : de l’école des enfants aux hôpitaux en passant par les centres de loisirs et de formation. La Gécamines est partout à Kolwezi, ce qui lui a valu d’être considérée comme un « Etat dans l’Etat » à la grande époque.
Mais outre pour ses activités minières, Kolwezi est aussi tristement célèbre pour l’invasion des rebelles sécessionnistes katangais soutenus par l’Angola en 1978 et le fameux débarquement des parachutistes français et belges (« la légion saute sur Kolwezi »). Ceux-ci vont mater la rébellion qui se soldera tout de même par un millier de victimes, dont 170 Européens massacrés par les rebelles (d’où l’intervention des puissances étrangères à la demande de Mobutu).
Un urbanisme “minier”
Au niveau urbanistique, Kolwezi est un bon exemple de ville minière planifiée et construite en fonction de son industrie et de critères ségrégationnistes coloniaux. On trouve d’une part un centre décisionnel et résidentiel pour cadres européens, et d’autre part des cités pour la population ouvrière et un centre indigène pour la population locale.
Cela reste visible aujourd’hui, via le découpage des deux communes de Kolwezi : Dilala à l’ouest (qui correspond ± aux quartiers résidentiels des Blancs de l’époque) ; et Manika à l’est (qui comprend entre autres la cité ouvrière et indigène).
Un nouveau visage pour Kolwezi
La ville connaît par ailleurs un développement assez poussé, avec l’apparition de nouveaux quartiers comme « Joli Site » ou « Quartier latin »… De fait, la périphérie de Kolwezi est de plus en plus prisée par les sociétés minières étrangères qui y construisent des « compounds » en préfabriqué pour l’accueil et le confort de leurs agents. Au détriment de la « vieille ville » qui est délaissée au vu des importants investissements que cela nécessiterait. Et ce mouvement n’est pas près de s’arrêter et va résolument changer la face de la ville dans les années à venir avec des nouveaux axes routiers contournant la ville avec accès direct aux mines, et vraisemblablement l’implantation de commerçants dans ces nouvelles zones.
La présence des nombreux étrangers en ville se marque aussi par l’augmentation significative en quelques années du nombre d’hôtels (guest houses souvent gérées par des sociétés minières d’ailleurs) et de restaurants qui proposent de la cuisine internationale (chinoise, libanaise, italienne, française…). Elle est en cela bien mieux lotie que Likasi.
Un développement touristique en projet
Cela laisse entrevoir des possibilités de développement touristique qui augmenteraient l’offre de loisirs et divertissement pour ces visiteurs étrangers. Plusieurs projets sont à l’étude et devraient voir le jour (lac de Wasela, réserve animalière de la Manika, etc.). Sans parler du tourisme industriel à valoriser vu les sites et installations exceptionnels de la ville et de ses environs.
A ce titre, il est à noter que Kolwezi est d’ailleurs le terminal d’une des plus longues lignes électriques à haute tension au monde (Inga – Katanga). L’idée de Mobutu était d’obliger le Katanga à dépendre en matière de fourniture d’électricité, de Kinshasa et donc de lui. Cette ligne permet encore miraculeusement d’exporter de l’électricité vers l’Afrique Australe.